Le 27 avril 2019, 39 volontaires roubaisiens ont fait analyser leurs urines pour y démontrer la présence de glyphosate, un herbicide utilisé massivement en agriculture, probablement cancérogène. 100% des échantillons se sont avérés positifs, et ces citoyens, engagés dans divers collectifs comme l’Université Populaire et Citoyenne, El’Cagette, ou encore Maison Vélo Roubaisienne, ont porté plainte le 28 juin 2019 au Tribunal de Grande Instance de Lille pour mise en danger de la vie d’autrui, tromperie aggravée et atteinte à l’environnement contre les industriels et les pouvoirs publics, avec comme objectif final de se débarrasser définitivement des pesticides en agriculture.

Cette action s’inscrit dans l’Association « Campagne glyphosate » portée par divers collectifs citoyens en France depuis avril 2018 en Ariège, lançant un appel national invitant les citoyens à faire analyser leurs urines sous le regard d’un huissier, et ensuite à porter plainte. L’Association a réuni quelques 2000 volontaires dans toute la France, devenant une action nationale. Après 50 volontaires à Lille, puis à Arras, c’était le tour de Roubaix, réunissant des citoyens, entre 42 et 64 ans. Leur but est de dénoncer les industriels, notamment le géant Monsanto, au sommet de la pyramide, et les pouvoirs publics pour la non application du principe de précaution face à une substance qui est tantôt classée cancérogène par l’OMS (2015), tantôt jugée inoffensive pour la santé humaine par l’Autorité européenne de sécurité des aliments et l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA).

Il n’empêche que le taux moyen de glyphosate dans les urines est de 1,21 nanogramme par millilitre, et que les analyses d’urines des roubaisiens vont de 0,38 à 2,93 nanogrammes par millilitre, soit 30 fois le seuil de pesticide autorisé dans l’eau du robinet (0,1 ng/ml). Il se trouve que les plus touchés sont les agriculteurs manipulant ces substances dangereuses, de plus en plus régulièrement atteints de lymphome. Les différents pesticides peuvent également avoir des effets toxiques sur les reins, le foie et le système hormonal. Si son aspect cancérogène n’a pas encore été prouvé, les risques à l’environnement ont été avérés, détruisant la biodiversité, polluant les cours d’eau, les nappes phréatiques et les sols. Une raison de plus d’en interdire l’usage.

Toutefois, depuis que la molécule est tombée dans le domaine publique, elle est utilisée massivement. Ainsi, les pesticides se retrouvent absolument partout, notamment dans les aliments que nous consommons le plus : les pommes (99% de chances de contenir au moins un résidu), les fraises, le raisin… Cela fait partie d’un modèle agricole intensif, nourrissant la population en produits normés et à bas coûts… au prix de sa santé. Il est cependant difficile de passer radicalement d’un modèle de production intensive à un autre, bio, local, agroécologique… Cela nécessite de la pédagogie.

Christian Huyghe (directeur scientifique adjoint agriculture de l’Inra) explique qu’il serait possible de s’en passer jusqu’à 90% des volumes utilisés en favorisant la diversité des cultures en faisant des associations d’espèces résistant mieux ensemble, en expérimentant le biocontrôle et en faisant des choix judicieux au niveau des variétés plantées.

 

En savoir plus sur le mouvement : http://www.campagneglyphosate.com